lundi 23 janvier 2017

Violette (Jehanne Nguyen)

"Samuel est mort, pas moi. On ne meurt pas d'amour ? Non. Ce n'est pas facile de faire la peau à la vie. »

Violette, jeune femme entière et passionnée, perd brutalement l'homme qu'elle aime, alors qu'ils attendent un enfant. La douleur et le désespoir la mènent à des conduites extrêmes. Dans cette spirale infernale, une rencontre l'illumine. La vie peut-elle prendre le dessus ?

Un roman très réaliste et d'une rare profondeur sur l'amour, la déchirure du deuil et la reconstruction.

Vous pensez sûrement que ce livre ne donne pas très envie, mais que peut-être, il est intéressant. Pour tout vous dire, c’est exactement ce que j’ai pensé en le recevant ! Parce que pour l’histoire, j’ai lu ce bouquin sur recommandation d’une lectrice (que je remercie chaudement !) qui me l’a envoyé…

Violette est une jeune femme qui rencontre son chéri adolescente et tombe éperdument amoureuse. Ils vivent une histoire belle et passionnée, se complétant… jusqu’au jour où Samuel a un accident et décède. Violette voudrait mourir, Violette pense qu’elle va mourir aussi, mais il y a cet enfant en elle, qu’il lui a demandé… peut-on survivre à l’amour dont on est séparé ?

Les livres qui parlent du deuil ne sont pas forcément mon dada, je dois l’avouer. J’ai besoin d’évasion, de respirer au travers des pages d’un roman, et là, pour le coup, je ne l’ai pas vraiment lu dans cette optique. Pour autant, je ne regrette pas cette lecture courte, ce dépaysement assez atypique. Honnêtement, je ne me serais pas arrêtée sur le bouquin en temps normal, mais la découverte fut intéressante !

Dès le début du livre, on constate que la narration est celle de quelqu’un plongé dans ses souvenirs, détaché du présent, comme s’il restait loin de tout ce qu’il peut vivre. Pourtant, tout est exprimé avec puissance, justesse, et les mots nous emportent dans un tourbillon. Nous avons l’impression d’y être, avec quelques paroles évocatrices. Le tout est concis : pas trop de détails, juste comme si on ouvrait une porte ou une fenêtre pour capter des fragments de ce qui se passe. Ça va vite et néanmoins, on se prend de plein fouet les évènements importants, l’importance des sentiments et de cet amour qui éclot, mûrit, brûle.

Il est impossible de ne pas constater la maturité et la maîtrise de la plume de Jehanne Nguyen, en fait. Elle est vraiment percutante, par moments elle hypnotise même, et sait se montrer aussi poétique. On constate des répétitions voulues qui créent des effets de style importants. C’est ce qui fait la force du récit, aussi, sa plume. J’ai eu, grâce à elle, l’impression de me trouver dans la tête de Violette.

Violette. Franchement, on la voit énormément et en même temps, il est difficile de parler d’elle. Je pourrais aborder tous les ressentis dont elle nous fait part, parce que c’est ça aussi, la puissance du roman, mais en elle-même, on ne sait pas beaucoup. On sait la base, comme si Jehanne avait voulu nous offrir un personnage qui possède ses propres traits, sans trop en avoir afin que d’autres puissent s’identifier à leur tour.

C’est un peu pareil pour les autres, notamment Samuel, bien qu’on puisse saisir une partie de leur essence au travers des quelques détails qui sont offerts dans la narration. En fait, le roman est plus une introspection, un cheminement personnel après une épreuve difficile, que la narration d’une histoire en particulier, d’un couple, d’une femme qui perd son compagnon et doit apprendre à continuer sans lui.

Cela étant, le livre prend une tournure assez inattendue sur la dernière partie. Elle a été loin de me déranger, mais je pense que pour certains, cela pourrait créer une césure. Disons que la religion n’est pas forcément un sujet facile, et là, c’était assez fulgurant. Pour ma part, j’ai trouvé le tout très beau, juste, et doux, après la violence de l’absence et de la douleur dont Violette nous fait part.

Au niveau des valeurs du roman, j’avoue que c’est difficile d’en parler. La fin m’interpelle parce qu’elle aborde une thématique qui me touche particulièrement, et que j’y vois un message d’amour profond. La douleur présentée dans les pages précédentes me touche aussi, même si j’ai fini par trouver le tout assez long, au bout d’un moment. Je pense que cela était voulu, parce que passer au travers d’un deuil n’est pas évident et que ça dure. C’est en ce sens que cela ne m’a pas dérangée : c’était une autre forme de communion à ce que ressentait Violette.
En dehors de ceci, je peux dire que l’amour et la vie triomphent toujours, d’une façon inattendue et surprenante, parfois. L’espoir et la lumière savent nous rejoindre aux moments opportuns…

Je crois que je n’aurai pas tant à raconter de plus. Ce roman a été une bonne découverte, et s’il est assez court (140 pages), j’ai parfois ressenti quelques longueurs, qui ne sont pour moi que le reflet de la longue traversée de Violette. C’est très bien écrit, c’est poignant, réaliste et touchant, vraiment. On est dans l’amour, la douleur et la perte, mais aussi dans le retour à la vie, de façon inattendue. Violette est un personnage qui saura trouver son écho en beaucoup de lecteurs ! Sa maternité est aussi une thématique qui m’aura interpellée, parce qu’elle n’est pas évidente.
Ce sera donc un 14/20 pour moi ! Ce fut une lecture enrichissante !

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