mercredi 26 juillet 2017

La Guerre du Lotus - Intégrale (Jay Kristoff)

On disait éteinte la race des griffons, ces créatures mythiques menées par les danseurs d’orage. Pourtant, Yukiko et son père reçoivent l’ordre d’en capturer un pour le cruel shogun des îles de Shima. Contre toute attente, ils y parviennent, mais Yukiko se retrouve perdue dans une forêt sauvage, avec pour seule compagnie un griffon mutilé qu’elle nomme Buruu. Unis dans l’adversité, la jeune fille et l’animal s’entraident. Yukiko serait-elle la véritable danseuse d’orage, ultime espoir du peuple ?

Aujourd’hui, je vais vous parler de cette intégrale, regroupant 3 tomes, représentant entre 1500 et 1600 pages, grosso-modo, que j’ai lue en… une semaine. Truc de fou !

La Guerre du Lotus nous embarque dans une épopée où le Japon est une terre dévastée par la culture du lotus. La cause semble perdue, mais le shôgun l’a ordonné… Yukiko et son père doivent se lancer dans la traque d’un arashitora, alors que tous les griffons sont réputés disparus. Voilà pourtant que l’un d’eux croise leur chemin, et le lien qui va se créer entre la fille Kitsune et la fantastique créature pourrait bien faire renaître de vieilles légendes… et changer à jamais la face du pays de Shima.

Épique. Juste épique. Ce sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit pour désigner cette trilogie. J’ai tout lu d’une traite ! Pour vous dire, même en mangeant, ma liseuse restait sur la table et je n’en décrochais pas les yeux, ou presque. J’étais à fond !

Ce roman nous plonge dans un univers assez sombre où la guerre fait rage en dehors des frontières, le peuple est brimé, oppressé, et l’air est étouffant. Les chances d’épanouissement sont légèrement minimes, et Yukiko le sait. Elle n’a pas été épargnée par la vie, et c’est elle qui veille sur son père, le chasseur du shôgun. Elle vit sa vie comme elle peut, entre soumission et révolte interne. Trouver un arashitora ? La blaaague ! Pourtant, lorsqu’elle le rencontre et que le lien s’établit entre eux, toute son existence est à jamais bouleversée.

Tout au long de la saga, l’univers reste sombre, puisque désormais, la guerre se pointe même dans le pays de Shima. Yukiko doit faire face à de nombreuses tragédies, à une révolution qui menace d’imploser, et avec ça, petit lecteur que nous sommes, nous suivons aussi d’autres personnages importants dans l’intrigue qui ne vivent pas non plus au pays des Bisounours. Parfois, c’est pesant. Parfois, c’est lourd, comme quand on vit en guerre, dans un pays dévasté. Jay Kristoff l’a parfaitement bien retranscrit. Pourtant…

Pourtant, avec Yukiko et Buruu, l’arashitora, l’horizon n’est plus aussi sombre. Déjà parce que l’arrivée de cette créature est déjà énorme, que la relation qui va s’instaurer entre eux est encore plus énorme, et que comble du combre… le griffon possède un humour extraordinaire. C’était du grand kiff, je vous promets ! Ça vous donnait une bouffée d’air, une aide pour avancer alors que tout s’assombrissait dans l’intrigue.

Parce que oui, tout au long de ces 3 tomes, Jay Kristoff n’y va pas de main morte (aaaaah, non). Ça meurt, ça souffre, ça se bat… j’en passe. C’est un univers parfaitement réaliste de guerre, de complots et de méchants violents et manipulateurs. L’apparition de héros à moitié cabossés qui font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir tient à la fois du miracle et d’une fatalité qu’on apprécie. Tous ceux que nous croisons se prennent de grosses claques et souffrent. Pour autant, leurs souffrances ne sont pas inutiles : ils savent grandir et avancer.

Pour ça, Yukiko est une héroïne de dingue. Elle est toute jeune, possède un caractère bien trempé et parfois, elle a un côté noir qui fait un peu flipper. Mais elle possède aussi beaucoup de fractures, de fragilités qui vont la faire vaciller dans ses choix, et qui font d’elle un personnage qu’on apprécie. Ce sont ses fractures, ses peines, ses incertitudes et sa détermination, les actes qu’elle posent – oui, tout cet amalgame et plus encore –, qui font qu’elle nous paraît sympathique et qu’on s’attache à elle. Sa destinée est difficile. C’est une véritable warrior. Mais sans Buruu, elle n’irait nulle part, et c’est le duo qui rend toute l’histoire juste incroyable. Chacun influence l’autre dans son cheminement, et c’est pas toujours évident.

Tous les personnages du roman connaissent une évolution plutôt sympathique à suivre (quand ils ne meurent pas, évidemment), même si on passe souvent par des axes douloureux. Tout au long des trois tomes, alors que s’engage la Guerre du Lotus (dont on ne comprendra les réels tenants et aboutissants que dans la fin du tome 3), chacun évolue et grandit. Le côté psychologique a été très bien traité, parce que Jay Kristoff a inclus toutes sortes de voies. Bon, il y en a beaucoup qui demandent de sérieux coups sur le crâne, m’enfin… c’est un super bon point !

Niveau intrigue, à partir du moment où l’arashitora est dans la place… laissez tomber, vous êtes dedans et pour de bon ! Parfois, on a envie de s’oxygéner, parce que c’est dense et qu’encore une fois, l’univers est globalement sombre. Mais plus ça avance, plus ça se complique, les révélations vous scotchent, ça devient épique et… bref. On est vraiment dans une épopée. Je salue pour ça le talent de Jay Kristoff qui a su monter une histoire aussi complexe (mais accessible) et avec autant de retournements sur trois tomes. Il y a eu des moments où je me suis demandé « mais pourquoi on suit ce mec ? », jusqu’à comprendre comment son chemin recroisait ensuite celui des autres. C’est tout une construction assez incroyable.

Je n’aurai pas grand-chose à dire de la plume, vous ressentez que j’ai aimé les pointes d’humour (les répliques de griffon sont sérieusement à glousser tout(e) seul(e) devant son bouquin), l’expression des ressentis… après 1600 pages, il est dur de revenir à la plume. Elle se fond dans l’histoire et on s’y croit. Les paysages, les évènements… tout. On croirait même parfois à un arrêt sur image, comme en film.

À propos des valeurs, Yukiko nous offre une belle fresque d’amour. Son combat est très difficile, et le pardon n’arrive pas toujours aisément, mais elle se bat par amour, et son lien avec Buruu est incroyable pour ça. Et inversement, en fait. Toute la saga nous montre l’importance de la foi en ceux que nous aimons, l’importance de leur faire confiance quoi qu’il advienne, même contre les apparences. C’est très dur. Mais c’est beau. L’esprit de sacrifice, de lutte pour le bien commun est aussi très fort. Le contexte de guerre amène beaucoup de choses, et je pourrais épiloguer encore longtemps. Yukiko incarne tellement dans le roman, dans l’univers, mais elle nous rapproche de notre humanité. Nous pouvons tous être des héros si nous décidons d’agir selon notre conscience.

En conclusion, La Guerre du Lotus aura été une découverte de dingue. Cette saga est épique, presque un peu trop sombre à mon goût, mais très prenante et dotée de nombreuses qualités. Le côté imaginaire est incroyable, la psychologie des personnages est travaillée, on sent une véritable évolution, et l’intrigue se déploie de façon géniale, insoupçonnée, dans un contexte, une culture qui ont tout de fascinant. D’autres après moi seront fascinés par Buruu et Yukiko, par cette guerre plutôt réaliste mais tellement dévastatrice, ainsi que par tout ce qui plane dans ce roman. Qui veut une épopée avec un griffon ? C’est par ici ! Je vous recommande les trois tomes, et ce sera un… mmh, 17/20 pour toute la saga !

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